La résilience m’agace ! (extrait)

… À notre époque de l’immédiateté, la résilience se présente un peu comme la méthode Assimil du traumatisme. Il y aurait l’italien sans peine, le russe sans peine, et ensuite ? La « souffrance sans peine »? On nous vend du rêve, évidemment.

Et s’ajoutent les commentaires désinvoltes de certains spécialistes qui réduisent inexorablement la foi à une stratégie de résilience, au même titre que l’art ou l’humour, ou bien la définissent comme un banal cadre rassurant.

« La méfiance est un gage de survie, explique Michel Tousignant. Il ne reste donc que Dieu en qui avoir pleinement confiance. »

S’il signifiait par ces mots que Dieu est notre dernier refuge, nous adhérerions sans hésiter, mais il ne s’agit là que d’un recours psychologique, d’un réflexe de défense inné de la nature humaine. Mon cœur de prêtre s’indigne inéluctablement…

Bref… la résilience m’agace parfois !

Et puis, j’ose émettre ici une hypothèse – qui flirte probablement avec le complotisme ! – : je crois que la résilience nourrit l’illusion de combler le vide que la « mort de Dieu » a inexorablement creusé dans le cœur des hommes, celui de la désespérance. La résilience devient ainsi le précieux instrument qui permet de reprendre espoir sans s’encombrer des exigences de l’espérance. Le xixe siècle a tué la foi, le xxe siècle a dénaturé la charité, le xxie siècle se charge d’enterrer l’espérance…

enfants chiffonniers