Bienheureuse pauvreté

« Dans la pauvreté, disait Dostoïevsky,  on conserve encore la noblesse des sentiments innés, mais dans la misère jamais, personne » (Crime et châtiment).

Au service des plus pauvres, nous sommes inévitablement confrontés à un dilemme évangélique quand d’une part le grand commandement de l’amour exige notre détermination sans faille à combattre la misère et de l’autre, les béatitudes semblent exalter la pauvreté.

Ici encore, la richesse de notre vocabulaire apporte une précieuse nuance : en un mot, notre combat doit être inflexible contre la misère, et notre cœur enclin à embrasser la pauvreté.

Le serpent se mordrait-il la queue? Non, bien sûr. Faut-il désirer la misère, ne pas avoir de quoi manger, manquer d’eau, être sale, ne pas avoir accès à l’éducation? Pire encore, baisser les yeux – et les armes du même coup – devant les scandales qui touchent et souillent les plus miséreux n’a rien à voir avec la pauvreté bénie des Béatitudes.

Il faut le crier sans cesse : nous nous battrons sans relâche contre le poison de la misère. En revanche la pauvreté, celle qui nous rappelle sans cesse que nous avons besoin de l’autre, et surtout de l’Autre, n’est pas seulement désirable, elle est nécessaire. Savoir se détacher de l’Avoir, pour se remplir de l’Être… Un programme spirituel, probablement, un combat de tous les jours assurément !

Vue du bidonville de Catmon où opère l'association ANAK-Tnk
Vue du bidonville de Catmon où opère l’association ANAK-Tnk