Refuge et rempart

La « résilience philippine » – capacité de rebondir face à l’épreuve – est bien connue, jusqu’à devenir une expression utilisée largement (abusivement?) à chaque désastre auquel le pays est confronté ; probablement plus afin de calmer le ressentiment que de louer une force intérieure pourtant si précieuse.

Mais c’est une réalité ! Et nous en sommes les premiers témoins : les enfants de la fondation montrent incontestablement une résilience hors du commun.

Confrontés aux pires abus, ils se relèvent et dévoilent une force intérieure insoupçonnée. Mais si ce ressort est inévitablement lié à la personnalité de chacun, une aide extérieure est toujours nécessaire. C’est là que la fondation intervient en essayant de donner le cadre nécessaire au relèvement.

Mais quels sont les piliers de cette resilience? Si chaque enfant montre une capacité de résilience différente, elle est toutefois fortement impactée par deux facteurs que Mr. Boris Cyrulnik, psychologue reconnu de la résilience, a si justement désigné : l’atmosphère aimante et le sentiment de sécurité.

J’ai été profondément marqué, il y a quelques mois, par un événement qui peut paraître anodin : Jenica, petite fille d’une dizaine d’années arrachée à un père violent, est venu un jour se blottir contre moi, tandis que les autres jouaient, insouciants, dans la cour de récréation de notre petite école. Elle m’a regardé, apeurée, et m’a dit «  Tu me promets que tu ne me renverras pas chez papa… ». Je l’ai immédiatement rassurée, avec un petit sourire qui trahissait mon étonnement : évidemment que nous la protègerions !

Evident pour nous… terrifiant pour elle. J’ai compris à ce moment combien la fondation devait non seulement être un refuge mais aussi un rempart : Un refuge où les coeurs se remettent à battre, assurément, mais aussi un rempart où le danger ne vient plus menacer leur résurrection.

Le sourire lumineux de Jenica serait ici ma plus belle illustration…

Enfant priant dans la chapelle cède l'association ANAK-Tnk
Enfant priant dans la chapelle cède l’association ANAK-Tnk